Devant l’ouverture très tardive et incertaine de la glace cet été, plusieurs équipages ont renoncé, mais pas nos propriétaires qui ont donc rejoint l’océan Pacifique en passant « au-dessus » du continent américain.

Partis début août du Groenland, il leur aura fallu environ 6 semaines pour parcourir les 3600 milles qui les ont emmenés au Détroit de Béring, séparant la Russie de l’Alaska. Autonomie totale sur le parcours, avec une seule escale technique à Tuktoyaktuk, pour refaire un plein de gasoil.

Pour rappel, les GARCIA Exploration 45 N° 27, N° 35 et N° 38 se sont retrouvés au Groenland en juillet avec l’objectif de réaliser ce fameux parcours, si peu emprunté. Les prévisions étaient alors assez pessimistes, les glaces restant tardivement très présentes cette année. Ils ont cependant traversé la Mer de Baffin, pour rentrer dans le Détroit de Lancaster, en avançant étape par étape, à chaque fois que le chemin semblait s’ouvrir. Ils ont tous les 3 choisis de passer par l’étroit passage de Bellot Strait, large de 2 km seulement, un peu plus court en route, mais que les glaces peuvent aussi obstruer en cas de vents forts, du fait de sa faible largeur. Et de poursuivre ensuite le chemin dit d’Amundsen, le célèbre explorateur.

Ils se sont donc positionnés à Hudson Bay, au Nord du Détroit de Lancaster, dans l’attente du bon moment pour faire Sud vers Bellot Strait. HAURU et NIGHT OWL sont passés sans encombre. Adriano et Marisa, sur VOYAGER ont connu un passage plus mouvementé, avec 2 autres bateaux. Ils ont dû rebrousser chemin afin de porter assistance à un bateau, dont le moteur pas assez puissant ne parvenait pas à les dégager de la glace qui commençait à forcer sur leur coque. Retour à Hudson Bay pour eux ! Mais le lendemain ils ont pu à leur tour passer.

Marisa nous raconté leur passage de Bellot Strait :

« Le bateau français était derrière nous alors que nous traversions le détroit de Bellot. Nous avons traversé une bande de glace, en nous frayant un chemin à travers les petites ouvertures, mais comme une porte, elle s’est refermée derrière nous. Nous avions une voie libre et nous étions heureux de continuer lorsque le bateau français a appelé par radio pour dire qu’il était bloqué dans la glace. Nous leur avons dit que nous attendrions qu’ils se libèrent. Mais la glace a soulevé le bateau hors de l’eau et le courant l’a fait tourner comme un jouet. Le capitaine (et, soit dit en passant, quatre marins expérimentés à bord) a envoyé un message radio paniqué… nous pouvions entendre qu’il était terrifié et qu’il demandait de l’aide. Nous avons fait demi-tour et nous nous sommes dirigés vers eux aussi vite que possible, en pensant à la manière dont nous pourrions les aider (lignes, etc., ou simplement les faire monter sur notre bateau). Heureusement, la glace s’est à nouveau déplacée et les a repoussés. Ils étaient alors derrière nous et nous leur avons montré le chemin à travers la glace jusqu’à Fort Ross. Ils étaient très reconnaissants et sont venus avec un festin français et du vin. C’est alors que nous avons appris qu’ils avaient une petite fille à bord :-( Les parents vivent sur le bateau, et ils ont deux membres d’équipage à bord. Aucun d’entre eux n’a jamais vécu une telle expérience et le bateau a subi des dommages (une énorme bosse dans la coque) lorsque la glace les a soulevés. Nous avons donc passé une merveilleuse soirée, puis la glace est revenue et nous avons dû déménager… encore une fois ! Nous sommes retournés au mouillage de Lévesque et bien sûr… nous avons dû traverser la glace à nouveau, et il y avait aussi de la glace dans le mouillage. Nous avons donc fait le quart de nuit et de glace et maintenant nous sommes tous réveillés, nous buvons du café et nous discutons de la journée d’hier. GARCIA a fait un bateau incroyable. Nous avons brisé la glace et il s’en sort très bien. »

Toute l’équipe du chantier GARCIA est très fière de leur exploit et les félicite encore très chaleureusement !