Michel est l’heureux propriétaire du Garcia Exploration 45 dont la coque porte le numéro 28 de cette série.
Le projet de Michel se formule en quelques mots : aller à la découverte du monde en bateau, en compagnie de sa femme et de ses filles. On s’apercevra à la lecture de ce long entretien que, en décrivant les étapes de son projet d’acquisition d’un Garcia Exploration 45 destiné à accomplir des voyages qui lui tiennent particulièrement à cœur, Michel dévoile une vraie attention aux autres. Cela s’accompagne chez lui d’une sincère reconnaissance envers celles et ceux qui, au chantier Garcia Yachts, chez Grand Large Services, chez Escale Formation Technique ou partout ailleurs, participent à faire de ce projet personnel un succès familial et amical.
Une envie de voyages permanente
Originaire du Sud-Est, j’ai passé toute mon enfance à Cannes, un coin proche de la mer où l’on aimait naviguer beaucoup. De fait, j’ai alors apris à naviguer au début sur Optimist puis ensuite avec mon frère sur différents dériveurs. Ensuite, je suis parti à Toulouse faire des études d’audiovisuel, puis j’ai travaillé à Paris dans le cinéma, durant pas mal d’années : période pendant laquelle j’ai acheté un bateau, un First 32S5 que j’avais mis au port de Cannes. Je naviguais alors dès que possible, beaucoup avec Jean-Philippe mon cousin, qui est mon équipier de toujours. Corse, Sardaigne, Italie, Croatie… jusqu’au jour où est venue une période où j’étais trop accaparé par le cinéma enchaînant long-métrage sur long-métrage.
Hélas, à ce moment, je me suis progressivement éloigné de la mer et j’ai revendu mon First, avec toujours cette idée selon laquelle, quand j’aurais plus de temps et des moyens, j’achèterai un grand et beau bateau. L’envie de faire des voyages était toujours présente dans ma tête. Puis j’ai bifurqué dans ma vie professionnelle, j’ai rencontré mon épouse Sandrine, on a eu deux filles, prénommées Colomba et Charlize, qui ont respectivement 11 ans et 10 ans. Avec mon épouse on a créé notre entreprise, on s’est installés à Toulouse. On a bossé comme des dingues pour cette entreprise, on a eu la chance et aussi le mérite de la faire performer,
Il y a environ trois ans, voyant que l’activité de l’entreprise se développait bien, que notre filiale de Milan marchait bien aussi, j’ai commencé à réfléchir aux suites à donner à tout cela. J’ai ainsi décidé de ralentir ma vie professionnelle et ai petit à petit laissé les rênes à Sandrine pour consacrer un peu plus de mon temps à ce projet de bateau.
Un projet : découvrir le monde
Même si mes deux filles et mon épouse ne naviguent pas beaucoup, cela reste un projet familial puisque l’idée était d’avoir un bateau sur lequel on puisse se retrouver dès qu’il y a des vacances scolaires, or à l’âge de mes filles il y en a souvent, toutes les six semaines environ. Notre destination finale est la Nouvelle-Zélande, on a envie de visiter ce pays depuis longtemps, donc il me fallait un bateau de grande croisière qui puisse voyager jusque là-bas. L’idée, c’est de faire les grandes traversées en équipage expérimenté et d’emmener le bateau à des destinations telles que les enfants et mon épouse puissent nous retrouver lorsqu’elles sont en vacances. Leur faire découvrir le monde par ce moyen là, visiter les pays, rencontrer les populations locales, les cultures. Je trouvais que c’était un beau projet, et il faut dire qu’elles y ont adhéré tout de suite de leur côté. Après, il restait évidemment à trouver le bateau.
Bien choisir notre bateau
J’étais assez vite parti sur un dériveur intégral en aluminium, avec tous les avantages que procure selon moi cette formule. Puis s’est très vite posé la question : bateau d’occasion ou bateau neuf ? Il y a donc eu une longue réflexion là-dessus. Je me suis dit que c’était maintenant le bon moment d’y aller, de vivre cette expérience, de faire construire son bateau, cet aspect de suivi d’un chantier, depuis le tout début jusqu’à la livraison, cela me titillait pas mal. C’était sûrement lié aussi à mon état d’esprit, l’envie de créer quelque chose ou disons plutôt de construire : c’est cela, je suis beaucoup dans la construction.
Les réflexions ont été menées avec mon épouse et avec les filles, dans le projet de découvrir le monde à chaque vacances par des allers-retours, cela a été longuement discuté. J’ai essayé aussi de naviguer avec elles pour leur montrer ce que c’est que la mer, mais pas suffisamment à ce stade, et en même temps, les conditions dans lesquelles on s’apprête à naviguer en famille sont des conditions paisibles, tranquilles, ce ne sont pas des grandes navigations, sauf bien entendu si une de mes filles, ou les deux, ou même mon épouse, se passionnaient pour la navigation hauturière, mais pour l’instant ça n’est pas le cas, elles ont leur scolarité à suivre, et Sandrine pour sa part a son travail qui la passionne beaucoup.
“Je suis allé au bout de mon rêve”
Bien entendu, il y a eu aussi beaucoup d’échanges et de discussions avec des personnes autour de moi, pour définir le genre de bateau qui pourrait convenir, alors bon voilà, il est clair que c’est aussi une question de moyens financiers, un bateau aluminium ça n’est pas le même prix qu’un bateau en polyester. Je me suis assez rapidement dirigé vers Allures, et c’est aussi en discutant, en allant dans les salons, en rencontrant le chantier Allures et le chantier Garcia, que tout cela a mûri. Très vite, j’ai été conquis par le salon de pont dans le carré du Garcia, par la qualité des matériaux, la qualité d’agencement ; ce côté là m’a beaucoup attiré. Une nouvelle fois, je me suis dit “des bateaux, tu ne vas pas en acheter 50 dans ta vie, c’est peut-être le seul que tu feras construire, alors autant partir sur quelque chose qui représente bien ce dont tu rêves”.
Voilà, je suis allé au bout de mon rêve, au bout de ce que je souhaitais ; je me suis dit, “ça serait dommage d’être frustré, d’avoir des regrets en somme“. Et donc j’y suis allé à fond, et pour moi j’ai pris le bateau qui correspondait totalement à mes rêves et à ce que je souhaitais, et c’est toujours le cas maintenant que je navigue avec, d’autant plus après cette première navigation pour le convoyer en Méditerranée, j’en suis encore plus convaincu. L’aventure a commencé comme cela, avec le chantier Garcia, avec Cyrille, et après tout a été très vite, on n’a pas perdu de temps, on s’est vus au Grand Pavois de la Rochelle en septembre 2019, on a signé en octobre, et tout de suite, dès le mois de mars, la chaudronnerie a commencé à Condé-sur-Noireau.
La construction, une question de confiance
Je suis allé visiter le chantier là-bas à Condé début juillet, j’ai été vraiment impressionné, réellement, par cette étape là, tout cela a été très important pour moi, autant l’outil industriel que la compétence associée. Antonio m’a reçu d’une telle manière ! Il a vraiment pris le temps de me montrer, de m’expliquer. Le bateau était là, devant mes yeux, en cours de construction, c’était vraiment très intéressant et excitant.
J’ai aussi été impressionné par l’environnement, ces métiers de la chaudronnerie aluminium, des métiers difficiles et rudes. En fait j’ai pris conscience que mon bateau allait être construit par des mains, par des hommes, ça semble idiot dit comme ça. On ne s’imagine pas le détail des choses, on se dit “des bateaux, on en construit, puis on en voit naviguer, et voilà”. Mais là j’ai réalisé qu’ils étaient fabriqués par des gens passionnés que ces bateaux étaient le fruit de leur savoir-faire. Antonio était dans le souci du détail, faisant vraiment attention à ce que la coque soit impeccable, à ce que les soudures soient les plus parfaites possibles. Voilà, j’ai pris conscience de ces choses à ce moment là. Je me suis senti en confiance, par le savoir-faire exprimé par le chantier sur la chaudronnerie. On se pose plein de questions quand on s’embarque dans un projet comme celui-là, et là, je me disais “wahou, c’est du costaud, c’est du sérieux” : c’est ce que je veux.
Ensuite il y a eu l’étape de l’assemblage à Cherbourg. Ma relation avec l’équipe a consisté essentiellement en celle que j’ai eue avec Guillaume, qui était en charge du suivi de la commande et qui m’informait pas à pas des étapes de construction ; souvent disponible, il me rappelait de suite quand j’avais la moindre question. On n’est jamais sûr de rien, on fait en fonction de son expérience et des conseils que donne le chantier : c’est pourquoi ces conseils sont les bienvenus et je les ai toujours trouvés justes, sans parti-pris. C’est passé très vite ! Quand on signe le bon de commande, on se dit “c’est loin, c’est dans un an”, mais tout cela s’est vite enchaîné et ce bateau a mis moins d’un an à se construire, j’ai trouvé cela très rapide ! Je sais que j’ai été un des derniers à avoir des délais de livraison aussi courts et qu’après, le carnet de commande s’est emballé, mais tant mieux pour le chantier, cela veut dire que ce que vous faites, c’est bien : le nombre de commandes que vous enregistrez indique qu’il y a de bons choix qui sont faits en amont.
Conforter ses choix
J’avais bien entendu parler de la réputation du Garcia, qui est déjà bien faite car moi j’ai la coque n° 28 de la série des Exploration 45 : beaucoup de choses ont déjà été dites au sujet de ces bateaux, c’était à chaque fois très élogieux sur leur qualité de construction et leur performance, on peut le dire, et aussi sur cet esprit de grand voyage et la sécurité à leur bord. Après avoir lorgné sur Allures puis sur Garcia, bien entendu je me suis aussi renseigné sur d’autres chantiers concurrents et d’autres modèles. Déjà, le salon de pont me plaisait beaucoup : et franchement, pouvoir faire les veilles quand ça bastonne au dehors, être à l’intérieur, au confort, pouvoir avoir une vue à 180° : tout ça je ne le regrette pas. Il y a eu aussi la question des délais de livraison, ils n’étaient pas les mêmes chez Garcia et chez ses concurrents. Il y a eu aussi le fait que le chantier semblait très costaud financièrement ; je m’étais renseigné à ce sujet, je voyais qu’il y avait des ressources financières importantes : c’est une partie qui rassure quand on s’engage avec un chantier, d’autant plus à une période tout de même un peu compliquée, avec la crise sanitaire mondiale qui apparaissait, on ne savait pas trop comment tout cela allait se mettre en place. Il se trouve que mon choix avait été fait juste avant mais bon, il s’est avéré que, dans ce contexte totalement imprévu, le chantier a su garder ses délais, je n’ai pas eu de soucis de ce côté là. Tout cela a fait basculer mon choix sur Garcia. Je n’ai pas vu de points qui auraient pu me faire douter de la qualité du chantier, de la qualité de construction ou de son état financier. Donc voilà, les feux étaient au vert.
L’achat d’un bateau, une expérience globale
L’achat d’un bateau ne se résume pas aux étapes de choix, de suivi de livraison et aux premières navigations. Et donc cette expérience est aussi passée pour moi par des aspects complémentaires, comme des formations par exemple. Quand on passe commande, on se dit : “j’ai un an devant moi pour préparer mon projet”. Le bateau est en train de se faire construire, je suis cela attentivement, je passe du temps à regarder les options et à faire mes choix ; je me déplace souvent, autant que je le peux malgré les restrictions. Et en même temps, j’avais aussi besoin de me plonger dans le projet en lui-même, dans ce que je ferais avec le bateau. J’ai pensé que c’était pas mal de confirmer un savoir, disons que j’avais besoin de me rassurer en suivant des formations complémentaires.
Les formations à la navigation, un réel apport
J’ai commencé par une formation sur le moteur diesel, puis j’ai enchaîné avec une formation sur l’électricité à bord, et là je me suis dit “je peux enfin poser des questions sur des choses qui m’échappent, ou me confirmer des choses que je connaissais déjà”. Des sujets très concrets, surtout en électricité où c’est un peu plus compliqué pour moi. J’avais plus de facilités avec la mécanique diesel, mais concernant l’électricité j’avais besoin de comprendre mieux le fonctionnement. Par la suite j’ai fait d’autres formations, notamment une sur la réparation des voiles : là aussi, si on n’y consacre pas un peu de temps, si on ne va pas dans un atelier, il y a plein de choses dont on entend parler, du vocabulaire, des façons de faire, et tout à coup cela nous parle et on sait à quoi cela correspond une fois qu’on a fait ces formations. Avec en plus, je parle là d’Escale Formation Technique, des intervenants à la hauteur, ce sont des bons, des professionnels, on est dans le concret, ça apporte vraiment. J’ai fait aussi une formation sur la médecine à bord, afin de savoir ce qu’il faut embarquer quand on commence à partir loin, longtemps, comment réagir quand on se retrouve en pleine mer. Ces formations c’était super.
Un projet riche de culture et de découvertes
L’autre étape a été la prise en main du bateau, qui n’est pas évidente, surtout quand on se retrouve au mois de janvier à Cherbourg en pleine crise sanitaire, les sorties en mer sont assez rares avec des conditions météo pas idéales et en plus des restrictions de déplacements et les couvres feux. Enfin c’était un peu compliqué. Il est vrai que j’avais vraiment envie que le bateau soit en Méditerranée assez rapidement, pour profiter de la saison qui allait s’annoncer. Au tout début, je m’étais mis en tête de profiter d’être à Cherbourg pour aller faire un tour dans des endroits où je n’irai certainement plus après, et où il serait en tout cas plus compliqué d’aller. Je voulais aller en Norvège et profiter de l’été qui venait. Et puis réflexions faites ça n’était peut-être pas une si bonne idée que cela pour mes enfants et mon épouse, il ne fallait peut-être pas prendre le risque de les dégoûter de la navigation, même si je sais que la période de juillet / août est quand même favorable en Norvège. Ce n’était peut-être pas le meilleur moyen pour leur faire prendre goût à ma passion. Donc j’ai abandonné cette idée. Il valait mieux que le bateau soit en Méditerranée pour le premier été.
Ce que je voulais éviter avant tout, c’était de risquer de dégoûter mes filles, Colomba et Charlize, mais aussi ma femme, par trop d’empressement. La plus jeune de mes filles, je la sens bien aventurière… On verra bien. L’idée pour le moment est vraiment de les associer au projet et de mettre le bateau dans des endroits qui signifient des choses pour elles, en lien si possible avec leur scolarité comme par exemple la mythologie grecque qu’elles ont déjà un peu abordée contrairement à la civilisation viking… Pas mal comme prétexte de destination de navigation.
Le convoyage, une prise en main 24 heures par jour
Et donc pour moi il était important que le bateau rejoigne la Méditerranée dès le début du printemps, parce que j’avais besoin de le prendre en main et de le rapprocher de là où j’habite. Ça prend une journée pour monter là-haut à Cherbourg, où l’accès n’est pas facile pour nous qui sommes du sud. Au départ, on devait le faire à trois équipiers. Les conditions sanitaires étant ce qu’elles sont, on a eu de gros doutes sur la manière dont on serait accueillis si on devait faire des escales au Portugal ou en Espagne ; à ce moment là, les restrictions sanitaires étaient assez dures au Portugal. J’avais un peu peur d’embarquer mes équipiers dans un programme qui serait trop long – ils avaient juste trois semaines à me consacrer, ce qui est déjà énorme, ils avaient fait une parenthèse dans leur vie professionnelle pour pouvoir descendre le bateau – ils sont à fond dans le projet et c’est génial, mais je ne pouvais prendre le risque de les voir bloqués trois semaine au Portugal.
Renseignements pris auprès des autorités de ces pays, la seule façon de convoyer un bateau d’une manière autorisée, c’était un convoyage professionnel. Il fallait donc pour ce faire demander au chantier Garcia de bien vouloir valider ce projet avec la participation d’un skipper professionnel du chantier, Philippe. En fait, d’une contrainte sanitaire et d’une situation qui n’était au départ pas envisagée, avec un surcoût aussi, cette option est devenue quelque chose dont je suis, finalement, très content. Non seulement on a bénéficié de conditions météo excellentes car on est descendus avec un vent portant qui nous a conduits de Cherbourg à Gibraltar en 7 jours, à une vitesse moyenne de 7,5 nœuds – une super navigation donc – mais surtout, au niveau de la prise en main du bateau avec Philippe, c’était génial. Je me suis rendu compte que les navigations d’une demi-journée, prévues lors de la réception et de la prise en main du bateau, sont – pour moi en tout cas – trop limitées par cette contrainte du temps. On a, en une demi-journée, énormément de choses à assimiler, toute la documentation, les choses à voir sur le bateau, une grande quantité d’informations nouvelles ; c’est super bien fait, le chantier fait cela très bien, on a toutes les documentations et tout ce qu’il faut, mais en fait on ne pratique pas suffisamment.
Alors que là, avec ce convoyage, on a du temps : on a mis 11 jours pour aller jusqu’à Barcelone et là on est devant du concret, du réel, avec des cas de figure qui se déroulent devant nous et qui changent sans cesse. On répète les manœuvres, ce qui fait que la prise en main du bateau s’effectue naturellement, en douceur. C’est juste génial ! Là, maintenant, je ne dis pas que je connais le bateau par cœur, j’ai encore beaucoup de navigations à faire dessus pour vraiment le maîtriser parfaitement, mais j’ai gagné un temps de dingue sur la connaissance qu’il faut en avoir. Si j’étais parti avec mes deux équipiers, on n’aurait pas du tout eu cette même source d’informations précieuses aussi rapidement.
Le chantier, une présence rassurante
On a eu des petits soucis, c’est normal, notamment des soucis d’infiltration d’eau dans le coqueron ; pour trouver d’où venait cette fuite et savoir comment la réparer, Philippe, le skipper, qui connaît bien le bateaux, a été d’une efficacité totale, et aussi pour la réparer temporairement de sorte qu’on puisse continuer sans avoir à se dérouter. Sa connaissance du bateau était juste superbe. Il y a eu plusieurs petits point comme cela, qui ne sont pas graves, mais qui sont inéluctables sur un bateau neuf, il y a forcément des choses qui peuvent échapper. On en est conscient dès le départ. Justement ces premières navigations servent aussi à détecter ces problèmes.
Ce qui est génial c’est que derrière il y a le chantier qui réagit vite, c’est top, il y a Vincent qui lui aussi est d’une totale expérience, ne lâche rien, va au bout des choses. Il n’hésite pas à mouiller le maillot, c’est une des personnes précieuses du chantier je trouve, très présent après la mise à l’eau du bateau. J’aime beaucoup ce garçon, il est très disponible, il ne lâche pas l’affaire. Je suis plutôt quelqu’un d’exigeant, là je suis totalement satisfait de la relation avec le chantier et son service après-vente.
Des expériences riches et partagées
Aussi, j’y reviens, je suis conquis par le skipper, par Philippe, car non seulement il connaît vraiment bien le bateau et est un excellent navigateur, mais en plus il a des qualités humaines rares, sur une navigation, c’est très important. Pendant le convoyage j’ai les ai souvent surpris lui et mon équipier Jean-Philippe avec le sourire accroché au visage, on était vraiment heureux de naviguer ensemble. C’était super, franchement ; cela allait d’astuces sur le réglage, comment régler le bateau en fonction de l’état de la mer et du vent ; il nous a transmis tout cela d’une manière extrêmement généreuse, c’était super.
On a bien entendu noté les petits points qui étaient à reprendre, et Grand Large Services Sud va intervenir dessus, Sylvain nous a accueillis à Port Camargue, il y a une vraie continuité, avec Vincent qui chapeaute l’opération depuis Cherbourg. Le bateau est encore dans de bonnes mains… Je sais que je peux compter sur le suivi de GLS pour reprendre ce qui est à reprendre, le bateau finit d’être préparé, et dès le mois de mai il sera prêt pour commencer son petit périple méditerranéen, voilà donc c’est génial, je trouve cela vachement bien.
“Maintenant, c’est ton bateau”
Ce convoyage était parfait, ça a vraiment été une très belle navigation, et finalement c’était également une bonne option. Si on veut vraiment faire une prise en main complète, totale et se sentir autonome, c’est un des meilleurs moyens. Philippe m’a dit une chose qui m’a marqué, à la fin, en quittant Barcelone, il m’a dit “voilà, maintenant tu as ton bateau, tu l’as en main, tu peux naviguer, c’est ton bateau”. Et cela m’a fait plaisir car c’est ce que je ressentais aussi de mon côté.
Bon, je me suis trompé sur certaines options, sur des choix d’équipement, on s’en rend compte après coup mais cela n’est pas bien grave. Par exemple, j’ai pris au chantier l’option d’un gennaker, je crois que je n’aurais pas dû ; je pense que je ne vais pas l’utiliser, si je devais prendre une autre voile ça serait un spi asymétrique. Pendant le convoyage jusqu’au sud du Portugal on a été beaucoup à des allures portantes, vent arrière ou grand largue. On a tangonné le solent, on l’a mis en ciseau, c’est très performant, ça marche très bien quand il y a de l’air. J’ai un autre gennaker de près qu’on peut envoyer à 50° du vent, et là, lui oui, en Méditerranée il a servi et il servira beaucoup dans le petit temps.
Une autre image qui me revient, c’est notre départ de Cherbourg, il y avait tout le monde du chantier, Marc, Cyrille, Guillaume… j’étais super enthousiaste de partir, et j’ai été très ému de voir tout le monde venir nous saluer au port, à midi, avec une bouteille de calvados, c’était très sympathique, cela m’a beaucoup touché.
Des envies de bout du monde
Quant à savoir combien de temps je garderai ce bateau, là-dessus je ne me pose pas de questions : pour l’instant, j’en suis très content et c’est heureux, j’ai avant tout envie d’en profiter, d’en faire profiter ma famille et les gens avec lesquels j’aime naviguer. J’ai cette idée de Nouvelle-Zélande, et de l’amener là bas ; or il est vrai que cela prend du temps, que c’est déjà un programme en soi ; quant à savoir combien de temps on va mettre pour l’amener là-bas, je n’en sais rien, cela va dépendre de ma famille, de comment ils apprécient de naviguer, des destinations qui vont nous plaire plus que d’autres et où on va rester plus longtemps… Moi je vais faire des allers-retours, voilà, c’est ce que je sais. Est-ce qu’il faut se donner un projet, s’y fixer ? C’est vrai que la Nouvelle-Zélande nous fait rêver, on en parle souvent avec mon épouse, or quoi de mieux que de visiter ce pays en bateau ? Je ne me suis pas fixé de projet plus précis que d’entrevoir cette destination que serait la Nouvelle-Zélande, voilà.
On va déjà profiter du bateau cet été en Méditerranée, où je le laisserai certainement l’hiver prochain, et de là on commencera notre périple, la traversée de l’Atlantique sans trop traîner aux Antilles pour rejoindre Panama la saison suivante ; et rapidement le Pacifique, mais après, dans le Pacifique, je ne sais pas, on verra. Je ne sais pas répondre à la question de savoir combien de temps nous garderons le bateau : disons, le plus longtemps possible. On fera au mieux, en prenant plaisir sur le moment, mais tellement de choses peuvent arriver dans la vie, des bonnes comme des moins bonnes, et surtout je ne suis pas tout seul, il y a aussi le ressenti des uns et des autres qui compte énormément.
Entre éthique et esthétique
Le sujet avec mes enfants est important, cela se voit dans la décoration de coque, qui est clairement très marqué. J’ai souhaité mettre en avant mes deux filles. Cela est déjà le cas dans le nom du bateau, “Cochize”, avec le “Co” de Colomba et le “ize” de Charlize (avec un z). Cochise (avec un s) était un chef Apache qui avait des valeurs de vie proche de la nature ce qui interpelle beaucoup la plus jeune de mes filles, Charlize : « Tu rends à la nature ce que tu lui prends » c’est un sujet qui lui est cher comme à beaucoup d’enfants d’ailleurs.
Le nom du bateau Cochize prenait son sens non seulement avec la contraction des prénoms de mes filles mais aussi du côté de l’éthique et du rapport à la nature. Il y a les profils des visages de Colomba et Charlize qui sont représentés de chaque côté de l’étrave. Cela interpelle les gens. Je ne me rendais pas compte de l’enthousiasme que provoque le bateau tant qu’il était à Cherbourg, sur le ponton du chantier où il y a essentiellement des Allures et des Garcia, et où il ne passait pas grand monde en plein hiver et en plein CoviD… Quand on est arrivés à Port Camargue, en revanche, cela s’est vu : tous les bateaux qui rentraient et sortaient du port ne cessaient de dire “il est beau votre bateau ! … il est magnifique !”. Cela ne concernait pas seulement la décoration de la coque mais aussi l’allure générale du bateau, et je suis très content de cela. Ça contribue à identifier le bateau dans une vision cohérente avec notre projet de famille, qui est vraiment placé sous le signe du partage.
Voilà mes impressions. Maintenant, il y a beaucoup de choses à vivre, de belles choses à faire avec ce bateau qui est un super bateau !